En 2004, tout juste arrivée à l'université, Claire Audhuy fonde avec 6 autres étudiants l'association Rodéo d'âme, avec l'objectif de monter des rencontres artistiques. Huit ans plus tard, doctorante en arts du spectacle et histoire, elle est toujours directrice artistique de cette association qu'elle vient de lancer dans l'aventure de l'édition. Le tout à la force du poignet et surtout de la conviction personnelle...

« La collection s'appelle « L'Oiseau-mouche », son objectif est de publier de jeunes auteurs résidant en Alsace, qui s'expriment au travers de la poésie, du théâtre ou du témoignage », explique Claire Audhui, directrice artistique de l'association Rodéo d'âme, sous l'égide de laquelle cette collection sera lancée. Pour commencer, dans les mois qui viennent, paraîtront deux recueils de poésie, deux pièces de théâtre et un livre de témoignages. Chaque ouvrage sera accompagné dans son lancement par un événement public propre à attirer l'attention : ainsi, un recueil de poésies de Claire, premier ouvrage de l'Oiseau-mouche, illustré par Nicolas Lefebvre, sera porté par une exposition des originaux de ses dessins, dont le vernissage aura lieu le 28 février prochain*. L'activité d'édition de Rodéo d'âme se formalise aujourd'hui et prend un nouveau chemin, mais elle a toujours existé, à côté des rencontres artistiques montées par l'association : traditionnellement, catalogues d'exposition, livres ou DVD, venaient toujours enrichir et prolonger l'événement.

L'art peut sauver des vies

Mais d'ailleurs, qu'est-ce qui pousse une toute jeune étudiante avec une toute petite équipe de bénévoles à se lancer dans le montage de rencontres artistiques ? « Au départ, c'était surtout le désir d'ajouter une mise en œuvre concrète à l'enseignement que nous recevions à l'UFR des arts, qui malgré tout restait quand-même très théorique. Et puis la mayonnaise a pris, avec l'équipe, avec le public, avec les partenaires institutionnels qui nous ont soutenus (Crous et Université de Strasbourg, principalement, et d'autres, plus ponctuellement) et on est passé naturellement d'un projet à l'autre, explique Claire, qui avoue quand-même à demi-mots une tendance naturelle à l'hyperactivité. En 2005, nous avons organisé un festival gratuit de théâtre courant sur 3 jours, avec 300 artistes. C'était super, mais vraiment lourd pour nous... Ensuite, nous sommes entrés dans une logique de cycles de rencontres, plus cadrés. On savait où on allait, c'était moins improvisé ». Thématique du corps, thématiques de la première, puis de la seconde guerre mondiale. Trois séries de rencontres artistiques foncièrement pluridisciplinaires (danse, théâtre, musique, design, peinture, performance...), où l'art se trouve placé au centre de tout et de l'humanité. « Dans le cadre de mon travail de thèse [NDLR : le théâtre dans les camps nazis et vichystes], j'ai acquis la conviction que dans les camps de concentration, l'art a sauvé des vies. La lecture d'un poème, un dessin, avaient parfois plus de valeur qu'un morceau de pain. Peut-être parce qu'un dessin est capable de rendre à une personne l'humanité qu'on lui dénie. » Cette conviction profonde de l'importance vitale de l'art n'est pas le moindre des moteurs de Claire et de ses « associés » pour faire vivre Rodéo d'âme en dépit des fonds toujours difficile à trouver et de toute l'énergie qu'il faut pour organiser de tels événements avec une poignée de bénévoles...

Caroline Laplane

Deux dates à retenir :

• *Soirée de lancement de la collection « L'Oiseau-mouche », le mardi 28 février à 18h30 à la Misha, avec vernissage d'une exposition de planches originales
• Sortie d'un ouvrage collectif « Penser et parler l'Europe », ouvrage collectif pour appréhender la dignité et les droits de l'homme. À cette occasion, se tiendra une lecture de témoignages de sans-papiers de Strasbourg et une rencontre avec les auteurs du livre à la Fnac, le samedi 18 février, à 15h30.