Engouement général pour la discipline et débouchés professionnels en progression sont les deux principaux moteurs de la montée en puissance de la Faculté de psychologie de l'Université de Strasbourg. Et cela en dépit d'un profil atypique, étonnamment « sciences dures », pour une faculté de psychologie. Tour d'horizon avec Christian Kelche, son doyen.

Comment présentez-vous la Faculté de psychologie de l'Université de Strasbourg ? Quelles sont ses spécificités ?
Christian Kelche : La Faculté de psychologie est une composante de 1 600 étudiants, de 39 enseignants-chercheurs, 16 biatos et près de 150 vacataires. Une de ses spécificités tient au contenu assez scientifique de l'enseignement qui y est dispensé : biologie, anatomie, endocrinologie, neurobiologie, éthologie, statistiques... C'est atypique pour une fac de psycho ! Les raisons sont historiques. À l'époque où l'Université de Strasbourg était unique, dans les années 1970, les psycho-physiologistes (spécialistes de l'animal et du comportement animal) étaient nombreux au sein de la faculté. Au moment de la création des trois universités strasbourgeoises, ils ont poussé la fac de psycho vers l'Université Louis-Pasteur, la scientifique ! De même, au moment du retour à l'université unique, en 2009, nous avons demandé notre rattachement principal au collégium vie et santé, et notre rattachement secondaire au collégium sciences humaines et sociales. C'est d'ailleurs indirectement pour cette raison, qu'en 2009, les sciences de l'éducation sont sorties de notre faculté pour créer une composante à part, alliée à l'IUFM dans le collégium éducation et formation.
En tout cas, cette orientation « sciences dures » de notre enseignement est la source d'un malentendu fréquent avec nos étudiants de première année. Ils forment un gros bataillon (plus de 700 étudiants) et il y a beaucoup de littéraires parmi eux. Certains sont vraiment mal à l'aise avec les disciplines scientifiques. S'ils se sont mal renseignés, ils sont parfois désagréablement surpris...

Plus de 700 étudiants en première année, ça fait du monde. Cela témoigne d'un engouement pour la psychologie, qui est perceptible d'ailleurs sur tout le territoire national. Comment l'expliquez-vous ?
CK : Il y a deux niveaux de réponse. Concernant l'intérêt porté à la psychologie, que nous constatons très nettement à Strasbourg depuis 6 ou 7 ans, pour moi elle est en lien direct avec ce que les jeunes perçoivent du monde qui les entoure. Ils sont en quête de réponses quasi existentielles dans une société qui évolue très vite, les laissant parfois sans repères. Plus prosaïquement, nombre d'entre eux ont bien compris qu'une des branches professionnelles qui proposera le plus d'emplois dans les années à venir, c'est le social, la prise en charge des personnes, notamment âgées. Et la psycho est une bonne formation de base à ces métiers. La difficulté grandissante à intégrer les filières traditionnelles des métiers de santé, et notamment la médecine, pousse aussi un certain nombre d'étudiants vers nous. Il y a une grande similitude d'intérêts entre les deux disciplines : aider les personnes en souffrance.

La psycho offre-t-elle réellement de nombreux débouchés professionnels ?
CK : C'est aussi une idée reçue sur la psycho : ce serait une discipline qui attire beaucoup d'étudiants et ne proposerait pas de débouchés. Or c'est faux. L'insertion professionnelle de nos étudiants titulaires d'un master est plus ou moins aisée selon leur spécialité (c'est plus simple pour les neuropsychologues ou les psychologues du travail que pour les psychologues cliniciens), mais la plupart trouvent du travail dans les 6 mois suivant leur fin d'études.
Il faut savoir aussi que les études de psycho sont difficiles, exigeantes et sélectives. Entre les abandons, les absences aux examens, le manque de motivation de certains étudiants qui ont atterri là par hasard, ceux qui viennent là pour se cultiver, dans l'attente d'un autre cursus et enfin ceux qui redoublent, ça diminue les effectifs de la seconde année de licence ! Il y a aussi une autre sélection assez sévère à la fin du master 1. Une personne titulaire d'un master de psychologie et ayant effectué un stage professionnalisant de 500 heures sera  psychologue, un titre protégé par l'État. Cela signifie qu'elle peut prendre en charge des personnes potentiellement en grande souffrance psychique. Nous avons besoin d'être sûrs que cette personne est assez solide pour cela, en termes de formation, mais aussi dans sa personnalité.

Quels sont vos projets à court et moyen terme ?
CK : Sur le plan pédagogique, une nouvelle organisation de la première année d'études sera mise en place à la rentrée prochaine : nous avons en effet obtenu la mise en place d'une limitation du nombre de places à 650 étudiants. Nous arrivions difficilement à assurer la formation des groupes de travaux dirigés, c'était préjudiciable pour les étudiants et les enseignants. Pour l'instant, nous ne savons pas comment se fera la sélection. Nous prévoyons également d'ouvrir un master de Psychologie clinique «option thérapie comportementale et cognitive» en 2013, démarche dans laquelle nous sommes soutenus par l'Agence régionale de santé.
Sur un plan plus matériel, un gros effort de mutualisation de nos moyens dans la faculté a permis de dégager des fonds pour financer la création d'une salle pour les doctorants (avec l'aide du bureau de la recherche), la rénovation d'une partie des toilettes du bâtiment, la création d'une «testothèque», c'est-à-dire une bibliothèque de tests, très utilisés en psycho. Nous avons aussi en projet la refonte complète de la signalétique interne et enfin, le projet de créer une plate-forme expérimentale en psychologie, un espace dédié à l'accueil et à la consultation des patients suivis par les enseignants-chercheurs et leurs étudiants. Un projet lourd mais fédérateur pour lequel nous demandons le soutien du Conseil scientifique de l'université.
Enfin, nous soutenons l'association étudiante de psycho qui vient de se créer et bouillonne de projets : Lapsus (L'Amicale de psychologie de l'Université de Strasbourg).

Propos recueillis par Caroline Laplane

Le 20 janvier dernier, l'École de chimie, polymères et matériaux de l'Université de Strasbourg (Unistra) accueillait l'ensemble des acteurs de la «cordée de la réussite» qu'elle a construite depuis la rentrée dernière avec deux collèges et deux lycées du Bas-Rhin. Rencontre en présence d'Armande Le Pellec Muller, recteur de l'académie de Strasbourg (au centre, sur la photo).

L'académie de Strasbourg a créé au total 12 «cordées de la réussite». Quatre ont été ouvertes à la rentrée dernière, dont celle de l'Ecole de chimie, polymères et matériaux (ECPM). Cette opération nationale s'organise concrètement autour de la mise en place de relations privilégiées entre collèges et lycées, d'une part, et un établissement d'enseignement supérieur, d'autre part. Un partenariat qui se construit principalement autour de travaux pratiques encadrés par les étudiants-tuteurs et les enseignants de l'établissement d'enseignement supérieur. Ainsi, à l'ECPM, la cordée compte 80 collégiens et lycéens, leurs enseignants, une douzaine d'étudiants-tuteurs, et des enseignants de l'école. Tous participaient à cette journée de rencontre, le 20 janvier dernier à l'ECPM, en présence d'Armande Le Pellec Muller, recteur de l'académie de Strasbourg.

Un double objectif

"C'était la première fois que nous réunissions notre cordée, témoigne Priscilla Bernard, professeure agrégée de chimie à l'ECPM. Nous n'avons pas pu organiser sur cette matinée des TP tutorés pour les 80 élèves concernés, seuls 11 lycéens ont pu manipuler en binôme avec leur étudiant-tuteur. J'ai pu constater que le feeling passait bien, ils avaient tous l'air très contents. Nous nous efforcerons de créer d'autres événements qui favorisent leur rencontre -visite d'exposition, par exemple. Mais l'objectif est aussi que leur binôme vive sa propre vie, qu'ils trouvent eux-même des occasions de communiquer".
Les cordées de la réussite poursuivent un double objectif : d'une part, rassurer les jeunes issus de milieux modestes sur leurs capacités à poursuivre des études après le bac (ceux-ci sont souvent confrontés à des obstacles psychologiques ou culturels qui brident leur ambition) ; et d'autre part, lutter contre la désaffection pour les sciences, disciplines réputées difficiles. Quatre établissements participent à la cordée de l'ECPM : les collèges Sophie Germain (Cronenbourg) et Erasme (Hautepierre) ; les lycées Jean Monnet (Neudorf) et Jean-Baptiste Schwilgué (Sélestat).

C.L.

Le prochain séminaire Prospective et développement aura lieu le jeudi 2 févier 2012 de 9h00 à 12h00 au Collège doctoral européen, et aura pour thème : « Dépasser les controverses entre scientifiques et grand public ». (Programme)
On constate de la part des citoyens une méfiance grandissante à l'égard des scientifiques et une volonté d'être davantage associés aux choix scientifiques et techniques.
Ce séminaire sera l'occasion de faire le point sur l'évolution des mentalités et sur ses conséquences pour la recherche universitaire.
Bernard Ancori, présentera les actions développées au sein de l'Université de Strasbourg et Jean Masson témoignera de la démarche de concertation engagée par l'Inra Colmar.
Bernadette Bensaude-Vincent, professeure d'histoire et de philosophie des sciences à Paris X, caractérisera les figures de la science et du public qui ont dominé au XX^e siècle et décrira les profils et rôles du public qui semblent émerger avec les mots d'ordre tels que « science citoyenne » ou « public engagement in science » depuis les années 1980.

Pour faciliter votre accueil, merci de bien vouloir vous inscrire avant le 31 janvier.
Voir le programme annuel des séminaires.

L'Université virtuelle environnement & développement durable (Uved) lance son second appel à projets 2011 pour la création de ressources pédagogiques numériques ou audiovisuelles.

À cette occasion, la Direction des usages du numérique (DUN) propose un accompagnement complet à tous les enseignants qui souhaiteraient se lancer dans la production de ressources pédagogiques numériques, la mise en valeur ou le partage des contenus existants, mais également tester des formats pédagogiques innovants. Des exemples de ressources pédagogiques interactives sont accessibles à la rubrique « ressources produites sur financement » de l'Uved.

Date de clôture de l'appel : 30 janvier 2012.

Modalités et procédure de soumission.

Contact : David Gauckler
Tél. +33 (0)3 68 85 50 08
Courriel : david.gauckler@unistra.fr